SCRIPTO SENSV, l'écriture à Argentomagus
Écrire, c’est entrer dans l’Histoire.
L’écriture est la représentation du langage au travers de signes ou de lettres inscrits sur un support matériel. C’est un mode de communication mémoriel, transmissible et universel.
L’écriture cunéiforme, apparue en Mésopotamie au 4e millénaire avant notre ère, est la plus ancienne au monde, précédant de peu l’écriture hiéroglyphique égyptienne. L’écriture apparaît plus tardivement en Chine, vers 1200 avant notre ère, et en Mésoamérique (écriture Olmèque au Mexique) à partir du IXe siècle avant notre ère.
En Gaule, on répertorie plus d’un millier d’inscriptions en langue gauloise, s’échelonnant de la fin du IIIe siècle avant notre ère jusqu’à la fin du IVe siècle après. Les Gaulois, qui ne possédaient pas d’alphabet propre à leur langue, ont d’abord utilisé l’alphabet grec ionien en usage à Marseille : il s’agit essentiellement de marques de propriété sur de la vaisselle, d’épitaphes votives et de légendes monétaires. Cet usage de l’écriture gallo-grecque s’est diffusé à la fin du second siècle avant J.-C. vers le nord depuis la Gaule méridionale. César rapporte que les druides de Gaule chevelue utilisaient les caractères grecs pour les comptes privés et publics (De Bello GallicoVI, 14).
Parallèlement, l’alphabet latin s’est progressivement répandu en Gaule à partir de la fin du second siècle avant J.-C. depuis la Narbonnaise romanisée, tant et si bien que le grec et le latin ont coexisté. La plus ancienne inscription latine connue en Gaule est la borne milliaire de Domitius Ahenobarbus datant du 118 av. J.-C. découverte au sud de Narbonne.
Mais le commerce avec le monde méditerranéen, la fondation de colonies, la mise en place de l’administration romaine, l’enrôlement dans l’armée, la promotion politique dans le cadre municipal et impérial ont fini par cimenter l’usage du latin, désormais lingua franca.
L’empereur Claude (41-54 ap. J.-C.) jugeait d’ailleurs indigne de porter le titre de citoyen romain à quiconque ignorait le latin.
L’écriture était pratiquée sur différents supports, en matériaux périssables ou durables (bois, écorce, papyrus, parchemin, os, textile, cire, terre cuite, métal, enduit, pierre…) à l’aide d’outils adaptés (burins, ciseaux, calames, styles et pinceaux). La nature des textes écrits en dépendait grandement.
Cette exposition présente les principaux documents épigraphiques mis au jour à Argentomagus témoignant de la diffusion, de l’appropriation et de l’utilisation de l’écrit à l’époque romaine dans cette partie du territoire Biturige. Ces documents, qu’il s’agisse d’inscriptions monumentales ou de graffiti, d’épitaphes, de dédicaces, d’imprécations, de déclamations, de marques de fabrique, de propriété ou comptables, nous permettent d’appréhender le quotidien des habitants d’Argentomagus, dont certains noms ont ainsi pu nous parvenir.
L’exposition s’articule autour de plusieurs thématiques : l’histoire de l’écriture, l’écriture en Gaule (gallo-grec et gallo-latin), l’écriture à Argentomagus, les outils et les supports de l’écriture.
Un livret jeu de l’exposition permet d’agrémenter la visite pour les jeunes publics notamment. Durant la saison estivale, des visites guidées seront aussi proposées tous les mardis à 11h en juillet et en août.
De 09:30 à 18:00