Un biocapteur à base de la levure Saccharomyces cerevisiae capable de détecter le cuivre biodisponible jusqu’à 10 nM
Publié par Béatrice Vallée, le 22 juillet 2022 670
Le cuivre est un micronutriment essentiel à la vie, sa carence peut engendrer des problèmes neurologiques et sanguins. Il est très utilisé dans l’industrie, en particulier dans la fabrication des batteries des voitures électriques, mais aussi en tant qu’engrais ou fongicide. Cependant, il est toxique à des concentrations élevées et constitue un polluant émergent critique. Son suivi dans les eaux constitue donc un enjeu sociétal et environnemental majeur.
Actuellement, les méthodes analytiques de détection du cuivre reposent sur des technologies pointues nécessitant un appareillage coûteux et une expertise expérimentale. De plus, ces méthodes quantifient la quantité totale de cuivre présent dans un échantillon mais pas la quantité de cuivre assimilable par les organismes.
Les chercheurs du groupe thématique "Signalisation cellulaire et neurofibromatose" du Centre de Biophysique Moléculaire du CNRS d’Orléans viennent de développer un nouveau système de détection du cuivre extrêmement sensible et facile à mettre en œuvre. Ce système est un biocapteur basé sur la cellule eucaryote qu’est la levure Saccharomyces cerevisiae. Le biocapteur est ratiométrique : d’une part il exprime de façon constitutive et donc systématique une protéine fluorescente, et d’autre part il exprime une autre protéine fluorescente dont l’intensité est directement corrélée à la concentration en cuivre biodisponible. En effet, l’expression du gène de cette protéine fluorescente est proportionnelle à la concentration en cuivre ingérée par la levure ( i.e. sous le contrôle du promoteur CUP1 sensible au cuivre et bien caractérisé chez Saccharomyces cerevisiae).
Par modification génétique, les chercheurs ont créé différents variants optimisant la sensibilité de ce biocapteur. Ils peuvent détecter le cuivre biodisponible à une concentration limite de 10 nM, de façon linéaire dans une gamme de concentration allant 10-3 à 10-8 M, surpassant ainsi tous les biocapteurs actuellement connus. Le biocapteur a été validé sur des échantillons « réels », tels des compléments alimentaires et des engrais, les concentrations détectées sont tout à fait en accord avec celles annoncées par les fabricants
Article scientifiques publié dans Biosensors and Bioelectronics, Zunar et al., 2022, https://doi.org/10.1016/j.bios.2022.114502
Contact : Béatrice Vallée Méheust, beatrice.vallee@cnrs-orleans.fr