Les plantations forestières : bienfaits et méfaits analysés par l’équipe Plantaclim, grâce au soutien de la Région Centre-Val de Loire
Publié par Amélie Robert, le 26 décembre 2025
Cliché : A. Robert, 2022
Les forêts françaises et en particulier celles du Val de Loire subissent les effets du changement climatique, de manière désormais bien visible : des arbres dépérissent et les forestiers s’interrogent quant aux modalités de renouvellement des forêts. Dans ce contexte, les plantations sont de plus en plus encouragées, même si la régénération naturelle des forêts reste la voie privilégiée. Pourtant, les plantations forestières d’espèces à croissance rapide sont au centre de controverses. Les débats sont souvent passionnés ; les arguments des deux camps, défenseurs et opposants, manquent parfois de bases scientifiques. Grâce au soutien de la Région Centre-Val de Loire, le projet Plantaclim est venu y remédier, en permettant de mieux comprendre les services et disservices (bienfaits et méfaits) rendus par les peupleraies et les plantations de pin maritime. Ces plantations devraient se maintenir avec le changement climatique en cours. Leurs surfaces demeurent faibles : à peine 2 % de la superficie forestière régionale pour les pins maritimes comme pour les peupleraies ; et, pour la filière, il ne s’agit pas de les étendre démesurément. Seuls les pins maritimes progressent mais en remplacement surtout de pins sylvestres, plus affectés par les nouvelles conditions climatiques. Notons par ailleurs que ces deux plantations sont présentes en région depuis le XVIIIe siècle.
Bien sûr, ces plantations visent d’abord à fournir du bois et les premiers services qu’elles rendent sont ainsi des services d’approvisionnement. Toutefois, face à la concurrence, un soutien doit être apporté à la filière, pour que le territoire continue d’en tirer pleinement profit, dans ce contexte d’ailleurs favorable, de transition environnementale. L’équipe de Plantaclim a aussi pu montrer que des usagers traversaient parfois ces plantations : cyclotouristes, randonneurs pédestres, chasseurs… Comme les riverains, les usagers récréatifs y sont souvent indifférents, considérant que ces plantations participent à la diversité paysagère qu’ils apprécient. Quelques critiques sont parfois formulées, mettant en avant des disservices, et notamment le manque de biodiversité. Toutefois, les recherches conduites démontrent aussi que, certes les espèces associées sont moins nombreuses et surtout communes, mais les plantations étudiées participent à la biodiversité à l’échelle des paysages en favorisant des espèces qui leur sont associées. Ainsi, dès lors qu’elles demeurent dispersées, les plantations peuvent être sources de services écosystémiques.
Le projet Plantaclim a associé une diversité de partenaires, chercheurs, acteurs forestiers et autres acteurs des territoires : universités de Tours et d’Orléans (laboratoires CITERES, PE2 et ISTO), INRAE, MSH Val de Loire, FiBois Centre-Val de Loire, ONF, CNPF, Duramen, Peupliers du Centre-Val de Loire, Association des Entrepreneurs de travaux forestiers Centre Val de Loire, SEPANT, PNR Loire Anjou Touraine, A2RC, Centre Sciences et CCTOVAL (Communauté de communes Touraine Ouest Val de Loire ; voir le 1er article de Plantaclim). Au-delà des résultats de recherche, Plantaclim a ainsi permis de favoriser les échanges et d’améliorer l’interconnaissance entre ces partenaires. Les échanges ont notamment porté sur des pistes d’amélioration des plantations, à partir de ces résultats mais aussi des retours d’expériences des acteurs de terrain. Outre la dispersion, l’ancienneté des plantations peut être un facteur favorable autant à la biodiversité qu’à l’acceptation sociale. Au-delà, des pistes sont proposées, à appliquer ponctuellement, selon les situations : agroforesterie, plantation de haies/préservation d’une lisière, gestion plus extensive, îlot où l’exploitation est retardée.
Les résultats ont commencé à être diffusés, notamment lors d’un colloque international et interdisciplinaire, organisé par l’équipe Plantaclim : il s’est tenu à Tours en juin 2024 (voir le 2e article de Plantaclim) et a rassemblé une grande partie de la communauté scientifique s’intéressant aux forêts en France et au-delà, près de 100 scientifiques, de 11 nationalités différentes. Se sont ajoutées des conférences auxquelles certain(e)s d’entre vous ont pu participer, à Bourgueil (37) et Orléans (45), grâce au soutien de Centre Sciences. Un documentaire, en cours de finalisation, sera prochainement diffusé (l’information sera transmise sur Echosciences) ; il permettra de partager auprès de toutes et tous les différents regards portés par des acteurs sur les plantations étudiées (de peupliers et pins maritimes), de la plantation à la transformation du bois. Le projet Plantaclim a été un succès ; à partir des bases et du cadre qu’il a permis de poser, les chercheurs poursuivent leurs analyses dans un projet de plus grande ampleur, à l’échelle nationale, sur les bienfaits et méfaits des plantations forestières.
